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Une démarche structurée, clé d’une prévention durable et efficace


Suite de l’interview de Sandrine Vaillant
Dans un monde où les contraintes financières et organisationnelles pèsent lourdement sur les établissements sanitaires et médico-sociaux, comment mettre en place une démarche de prévention sans perdre de vue les priorités opérationnelles ?
Après un premier échange avec Sandrine Vaillant, formatrice chez Compétences Prévention où elle partageait les bases d’une prévention réussie, ce deuxième entretien se concentre sur les outils, méthodes et stratégies pour détecter les risques et structurer des actions efficaces.
Entre analyses de terrain, mobilisation des équipes et mise à jour du Document Unique, Sandrine dévoile les étapes clés pour faire de la prévention un levier d’amélioration continue. Prêts à en savoir plus sur les secrets d’une sécurité proactive et accessible à tous ?
Quels outils ou méthodes recommandez-vous pour observer et identifier les risques ?
S.V : La première étape incontournable est de réaliser un état des lieux précis de la situation. Cette phase d’observation peut s’appuyer sur des outils variés, notamment le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Ce document permet de faire un état des lieux à un instant T en se basant sur les sinistralités enregistrées, telles que le nombre d’accidents du travail, les cas d’absentéisme ou encore les maladies professionnelles.
Des outils spécifiques peuvent également être conçus en interne par les établissements ou proposés par Compétences Prévention. Par exemple, Compétences Prévention a conçu des outils permettant d’établir des états des lieux précis et d’évaluer les niveaux de maturité des entreprises en matière de santé et de sécurité.
Ces données sont essentielles pour identifier les catégories de professionnels les plus exposées et prioriser les actions à mener. Prenons un exemple concret : si l’analyse montre que les soignants âgés de 25 à 35 ans sont particulièrement exposés aux troubles musculo-squelettiques (TMS), cela devient une thématique prioritaire pour un projet de prévention dirigé vers cette tranche d’âge.
La volonté de la direction est cruciale pour initier et piloter un projet de prévention.
Quels sont les éléments clés pour structurer une démarche de prévention ?
S.V : Une démarche efficace repose sur plusieurs éléments clés :
- Engagement de la direction : la volonté de la direction est cruciale pour initier et piloter un projet de prévention. Cet engagement doit répondre à des enjeux multiples, tels que la conformité réglementaire, la réduction des coûts directs et indirects, ainsi que l’amélioration de l’image de marque.
- Mobilisation des ressources internes : les personnes ressources, comme les animateurs prévention, les référents santé-sécurité ou les formateurs internes, doivent être identifiées, formées et reconnues dans leur rôle.
- Implication des salariés : tous les niveaux hiérarchiques doivent participer. Les professionnels du terrain doivent être intégrés dans l’analyse des situations réelles pour que les solutions mises en place soient adaptées à leurs besoins.
- Analyse des conséquences : les risques identifiés doivent être évalués non seulement pour leurs impacts sur les salariés (santé, absentéisme, bien-être), mais aussi sur l’organisation (coûts, désorganisation) et les publics accompagnés (résidents, patients).
Une fois les priorités définies, un projet structuré peut être élaboré avec :
- Des actions ciblées, comme l’utilisation d’aides techniques pour prévenir les TMS.
- Un planning précis pour déterminer qui fait quoi, quand, et comment les actions seront évaluées.
- Une évaluation et ajustement réguliers pour mesurer les résultats et ajuster les actions si nécessaire.
Cette approche permet également de mettre à jour régulièrement le DUERP et si besoin, le PAPRIPACT pour intégrer les avancées réalisées et identifier de nouvelles mesures préventives.
Un autre obstacle récurrent est l’implication des salariés.
Quels freins principaux les directeurs d’établissement rencontrent-ils ?
Les principaux freins auxquels les directeurs d’établissements sanitaires et médico-sociaux (SMS) sont confrontés sont souvent liés au temps et aux contraintes financières.
Gérer une démarche de prévention demande une mobilisation significative des ressources humaines et organisationnelles, ce qui peut sembler difficile dans un contexte déjà très chargé. Par exemple, lorsqu’un salarié est désigné pour animer une démarche de prévention, cela signifie qu’il ne pourra pas remplir ses autres missions, ce qui engendre des coûts supplémentaires et peut déstabiliser les équipes en poste.
De nombreux directeurs partagent une même réflexion : « C’est une excellente initiative, mais nous manquons de temps pour la mettre en œuvre. »
Pour contourner ces freins, il est essentiel d’adopter une méthodologie claire et structurée :
- Un état des lieux initial : une analyse précise des risques et des incidents déjà survenus permet d’identifier les priorités.
- Des objectifs atteignables : les actions doivent être réalistes, même en cas de ressources limitées.
- Des personnes ressources formées : impliquer des salariés motivés et bien formés peut faciliter la mise en œuvre.
Un autre obstacle récurrent est l’implication des salariés. Ce frein peut être levé en communiquant efficacement sur les bénéfices de la démarche. Lorsque les professionnels comprennent que cette initiative vise à améliorer leur quotidien et leur sécurité, leur adhésion devient plus naturelle.
Enfin, pour maximiser l’efficacité de la prévention, les directeurs ayant investi du temps et des ressources témoignent d’un impact positif :
- Une meilleure qualité de vie au travail.
- Une réduction des risques psychosociaux et physiques.
- Une amélioration des pratiques et des conditions pour les publics accompagnés.
Avec une communication claire, une méthodologie adaptée et des actions priorisées, ces obstacles peuvent être transformés en opportunités pour inscrire la prévention dans une démarche d’amélioration continue.
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